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Connexion – Premier chapitre de Victor, tome 3 de 21h34

21h34 - VictorVictor

Il était seul, fait rarissime. Sa valeur inestimable rendait les Autres nerveux. Il ne devait jamais risquer être la victime d’un de ces humains dont la transformation n’avait pas été menée à terme, faute de matériel adéquat.

L’accélération brutale et puissante de la destruction de l’Humanité avait amené les Autres à quitter la Terre rapidement. Telles de multiples arches de Noé, les fusées avaient quitté précipitamment la planète bleue et son angoissante hostilité. Depuis, plus de nouvelles… C’était 10 années G plus tôt, soit près de 20 ans à l’ancienne échelle de temps. Une éternité.

Tout le monde sur GII, sans exception, connaissait la place très spéciale qu’occupait Victor. Mais rien ni personne ne savait exactement quel était ce rôle si important, pas même lui.

D’habitude, il était perpétuellement escorté d’un robhumain ou d’un microdrone espion, prêt à intervenir en cas de problème. Et pour m’espionner ne pouvait s’empêcher de penser Victor, s’étonnant de sa propre ironie.

Une erreur de timing entre deux relèves et voici que lui étaient offertes quelques minutes de précieuse liberté.

Qu’en faire ? Il ferma les yeux et…

– Mon fils !


– Gabrielle…


– Tu connais donc mon prénom.


– Elle me l’a dit.


– Qui ?


– Gaïa


– J’arrive, surtout n’aie pas peur, je…

L’alarme stridente se mit à hurler dans tout le bâtiment. En un millième de seconde, Victor fut entouré de robhumains et de soldats. Mais il n’en avait pas contre lui, l’un d’entre eux lui déclarant d’un ton neutre :

⁃ Commandant, objet non identifié ayant atterri dans la zone désertique 56. Forme ovale, métal inconnu, couleur grise. Pas de signe de vie. Aucune ouverture détectable.

⁃ Avez vous essayé de la détruire ?

⁃ Protocole habituel, impact nul.

⁃ Donnez moi le visuel.

⁃ À vos ordres.

Le désert 56 méritait bien son nom. Il n’y avait absolument rien à part des vents violents et des variations de température insupportables pour un être humain, aussi robotisé soit-il. 
Victor observait la chose en silence, à la fois perplexe et serein. Comme s’il savait d’instinct qu’il n’y avait rien à craindre. Mais hors de question de le leur dire.

⁃ On dirait un œuf.

Il se retourna brutalement, il avait reconnu cette voix si particulière.

⁃ MA3… Un œuf ?

Elle sourit.

⁃ Un œuf, oui. À l’origine de la vie, il y a souvent un œuf. Toi aussi, d’ailleurs…

Elle avait parlé si bas qu’il lui sembla être le seul à avoir entendu. MA3 avait 10 ans lorsqu’elle avait été embarquée. Elle devait avoir un lien spécial avec Le Plus Grand de Tous car elle bénéficiait d’une liberté inimaginable pour une humaine.

Elle s’approcha pour regarder de plus près. Comme toujours, il sentit son cœur s’accélérer. Leurs visages si proches, leurs yeux braqués dans la même direction.

Ce qu’il vit alors accentua encore plus sa nervosité.

J23, 21h34, A10

Bastien

Voilà, ça y était, nous étions posés : les appareils de localisation faisaient référence à un espace hostile et aride dénommé désert 56. Dans nos capsules respectives, le temps avait passé à la fois comme un éclair et avec une lenteur gluante qui avait embourbé nos cerveaux. Heureusement, nous avions pu communiquer, de façon intermittente quelque fois, mais souvent sur de longues durées, et nous avions partagé nos sensations, nos souvenirs, nos craintes, tant et si bien que j’avais l’impression de ne former avec Gabrielle qu’une seule et même personne.

Les écrans nous montraient au dehors un environnement balayé par des vents puissants, un sol blanc (sable, sel, ou encore un matériau inconnu de nous, pauvres terriens ?) et une nuit profonde dont le ciel violine semblait couler comme un sirop poisseux autour des quelques reliefs pierreux.

Malgré notre impatience, nous attendîmes que la technologie permette l’ouverture de nos capsules, puis que les différentes machines robotisées mesurent nos constantes vitales. Alors seulement nous pûmes nous jeter dans les bars l’un de l’autre, encore étourdis par cet étrange et interminable voyage. Gabrielle reprit vite ses esprits, comme d’habitude : j’imaginais sans peine sa hâte à retrouver Victor…

– Et maintenant, lançai-je, c’est quoi les consignes ?
– Pas de consignes. On trouve Victor. Après on verra !

Jusqu’à présent, la spontanéité de Gabrielle nous avait plutôt porté chance, mais cette fois-ci, je craignais que tout ça fût un peu léger : on débarquait comme des fleurs sur une planète à l’autre bout du système solaire, les mains dans les poches (façon de parler car on nous avait affublés de combinaisons seconde peau qui aurait laissé voir le moindre bouton d’urticaire), sans aucun plan…juste notre bonne volonté et nos rêves ! Mais je ne contredis pas Gabrielle, je restai silencieux et attentif.

C’est alors que retentit le premier impact : on nous attaquait ! Mais quelle que fût l’arme utilisée, elle n’eut aucun effet sur notre véhicule ovoïde. Il absorba le choc comme si cela avait été une simple pichenette. Sur les écrans, on vit juste un éclair jaunâtre, puis d’autres encore, qui restèrent eux aussi sans conséquences, mis à part quelques secousses infimes. Quand le calme fut revenu, Gabrielle se planta devant moi et articula doucement, en me regardant droit dans les yeux :

On va sortir.

J23, 21h38, A10

Gabrielle

J’étais sereine, je savais parfaitement ce qui allait se passer : les Autres attraperaient notre capsule et tenteraient par tous les moyens de l’ouvrir. Autant leur faciliter la tache.

Mais je savais aussi que j’étais la seule à pouvoir le faire. Et que cela me prendrait tellement d’énergie que je tomberais dans le coma. Bastien allait devoir se débrouiller seul. Faire connaissance avec Victor (mon bébé était certainement devenu un homme !), savoir où nous étions et surtout quelle était notre mission.

Mon estomac se serra. Je me demandais si notre bonne vieille Terre existait encore.

– On va sortir, répétai-je alors. Mais tu vas devoir faire sans moi, en tout cas dans un premier temps.
– Non !

Je fermai les yeux et concentrai l’ensemble de mon énergie, de mes neurones sur la capsule.

 

Si vous souhaitez (re)découvrir les tomes 1 (Gabrielle) et 2 (Bastien) de 21h34, c’est par là !

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1 commentaire
  • […] là tu deviens aussi précis que Morgane Sifantus. Son roman dont le tome 3 devrait bientôt être publié est un modèle du genre. La précision de […]